Érable à Giguère (Acer negundo)

Érable à Giguère (Acer negundo)

L’érable à Giguère (Acer negundo), originaire des Prairies canadiennes, est un érable à l’allure particulière qui le différencie facilement de ses cousins indigènes au Québec. Son tronc et ses feuilles composées lui confèrent l’aspect d’un frêne et son port est beaucoup moins dressé que les autres érables. Contrairement à ces derniers, l’érable à Giguère est dioïque, c’est-à-dire que les individus sont soit strictement mâles ou strictement femelles.

 

Dès les années 1700, les coureurs de bois ont ramené des semences de l’Ouest canadien, et on a alors surtout planté cet arbre autour des champs agricoles à titre de brise-vent. S’accommodant de tous les types de sol, on le trouvera partout où des percées de soleil lui auront permis de se développer. Ce sont surtout les oiseaux, en se nourrissant de ses samares (fruits) en hiver, qui assurent sa propagation.

 

La nature envahissante de l’érable à Giguère viendrait surtout de la plasticité de ses traits fonctionnels. En effet, dans des environnements où la disponibilité des ressources n’est pas un facteur limitant, comme dans les Basses-Terres du Saint-Laurent, cet arbre présente un taux de croissance et une capacité photosynthétique supérieurs à la plupart des autres espèces. Il peut donc rapidement dominer la canopée des forêts en régénération ou coloniser les friches.

 

Indigène au Canada et ne présentant pas de colonisations frappant réellement l’imaginaire, plusieurs sont toutefois tentés de ne pas considérer cette espèce exotique comme une envahissante. Il ne faut toutefois pas s’y méprendre : l’Érable à Giguère a bel et bien le potentiel de compétitionner contre d’autres espèces héliophiles. Ormes, frênes, peupliers et bouleaux, pour ne nommer que ceux-là, sont donc susceptibles d’être affectés.

 

Plusieurs de ces essences ayant été décimées dans les dernières décennies par des épidémies comme l’agrile du frêne ou la maladie hollandaise de l’orme, l’effet délétère de l’Érable à Giguère sur leurs populations peut avoir été masqué en partie. On comprend alors pourquoi cette espèce ne déchaîne pas les mêmes passions que pour d’autres espèces exotiques envahissantes plus agressives.

 

Le passé agricole de Laval nous a légué plusieurs grands spécimens de cette espèce qui sont répartis dans tous les secteurs de l’île Jésus. Autrement, on trouve rarement des peuplements forestiers dominés exclusivement par l’Érable à Giguère.

 

Sources

Porté, A. J., Lamarque, L. J., Lortie, C. J., Michalet, R., & Delzon, S. (2011). Invasive Acer negundo outperforms native species in non-limiting resource environments due to its higher phenotypic plasticity.

Flore laurentienne

Ville de Montréal

Sentinelle – Gouvernement du Québec

 

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