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La nature de Laval, un trésor qu’il faut préserver ! Entretien avec Diane, biologiste au CRE

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Le CRE de Laval compte plusieurs expertises précieuses, notamment son équipe dédiée à la conservation et à l’éducation. Nous nous sommes entretenus avec Diane, biologiste et Responsable conservation et éducation au sein du CRE, afin qu'elle nous parle de l’état des milieux naturels de Laval et des défis à venir. 

 

CRE de Laval : Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ? 

Diane : « Je travaille au CRE de Laval, en tant que responsable de la conservation et de l’éducation. J'ai d’abord fait un baccalauréat en écologie à l’université de Sherbrooke, qui m'a permis de réaliser trois stages dans trois milieux différents : au Parc national de l'Île-Bonaventure-et-du-Rocher-Percé, où je faisais de la conservation-éducation, à l'Institut Maurice-Lamontagne, un institut fédéral de recherche aquatique, et un stage en écotoxicologie au ministère provincial, où nous étudiions l’impact des terres rares sur la qualité de l’eau. » 

« Ensuite, j'ai poursuivi avec une maîtrise en écologie à l’Université de Sherbrooke. Après ma maîtrise, j'ai travaillé en conservation-éducation au Parc national de la Yamaska, puis dans une firme privée d’experts-conseils en environnement, avant de rejoindre le CRE. » 

 

CRE de Laval : Sur quels sujets travailles-tu au sein du CRE ?  

Diane : « Notre équipe de la conservation et de l'éducation travaille sur plusieurs sujets. Nous participons à différentes consultations publiques de la région afin de donner de la visibilité aux problématiques des milieux naturels de Laval et de défendre leur intérêt. Nous réalisons des inventaires sur la faune et la flore, et, au besoin, nous relocalisons des espèces animales qui vivent dans des terrains aménagés. Nous luttons contre certaines espèces végétales envahissantes, comme le roseau commun, qui menace l’équilibre de nos milieux. »

« Étant donné que nos milieux naturels sont de précieuses sources d’information pour les scientifiques, notamment les zones humides, nous participons également à des programmes de recherche universitaires. Par exemple cette année, nous avons participé à une recherche de l’UQAM qui vise à évaluer la quantité de carbone stockée naturellement dans les milieux humides. Grâce à notre volet Verdissement, nous appuyons le projet de don d'arbres de la ville de Laval, afin d'augmenter la canopée de la ville. Enfin, notre chargée de projet en éducation à l’environnement développe plusieurs projets d'éducation relative à l'environnement, par exemple dans les classes du primaire de Laval, où elle sensibilise aux changements climatiques et à leurs effets. » 

 

CRE de Laval : À quoi ressemblent les milieux naturels de Laval aujourd'hui ? 

Diane : « J’aime dire que Laval a beaucoup de potentiel d'amélioration environnementale. Je pense que tout le monde va comprendre ce que je veux dire par là ! Historiquement, comme d'autres banlieues du Québec, elle a favorisé l'étalement urbain et la construction de maisons unifamiliales entourées de gazon, au détriment de quartiers plus densifiés entourés de massifs forestiers. Laval a perdu une grande partie de ses milieux naturels à cause de la manière dont on pensait les villes à l’époque. » 

« Or, le milieu naturel est important non seulement pour la biodiversité et pour combattre les changements climatiques, mais aussi pour améliorer la qualité de vie humaine. Avoir des arbres dans son quartier, par exemple, réduit la chaleur au sol. Une bonne canopée peut réduire la température de 2 à 10 degrés Celsius par rapport à une rue pavée sans arbres. La végétation est une solution naturelle, peu coûteuse et efficace pour atténuer les effets des canicules, qui vont devenir de plus en plus fréquentes au Québec. » 

« Un arbre, c’est une solution facile à implanter qui a vraiment un bel impact sur la qualité de vie ! » 

 

CRE de Laval : Et au niveau de la biodiversité ?

« Avant d'être la ville que l'on connaît aujourd'hui, Laval possédait une biodiversité particulière, avec des espèces que l'on retrouve à très peu d’autres endroits. Laval constitue d’ailleurs toujours un habitat important pour certaines espèces rares. » 

« Parmi les espèces emblématiques, il y a la couleuvre brune, une petite couleuvre insectivore, inoffensive et très mignonne ! C’est une espèce menacée, c’est à dire que l’on craint pour sa survie à long terme. Cette espèce affectionne particulièrement les friches de Laval. » 

« Pour la végétation, on trouve deux espèces d'aubépines remarquables : l'aubépine du Canada et l'aubépine suborbiculaire, que l’on retrouve presque uniquement à Laval et en communauté métropolitaine de Montréal. Elles sont susceptibles d’être désignées menacées ou vulnérables, car leurs populations viables sont rares et la majorité se retrouve à Laval. On retrouve ici une concentration exceptionnelle de ces aubépines, avec des populations de plusieurs dizaines d'individus. » 

« Laval a donc une biodiversité intéressante qui mérite aussi d'être protégée parce qu'elle est très, très rare ailleurs au Québec et même ailleurs dans le monde, pour certaines espèces. » 

 

CRE de Laval : Est-ce qu’il y a des milieux naturels qui parleraient aux Lavallois ? Qu’ils connaissent ?   

« Oui, bien sûr, nous avons les boisés. Aujourd'hui, il reste aussi quelques boisés à Laval : le bois de l'Équerre, probablement le plus grand massif naturel protégé encore existant sur le territoire de la ville de Laval. Il y a aussi le bois Papineau, le bois du Souvenir, l'Orée-des-Bois, le bois de Naples, le bois Saint-Dorothée et le bois Armand-Frappier. Il existe également des terrains en friche appartenant à des promoteurs, non encore construits, et les emprises d'Hydro-Québec, qui, bien qu’ayant une apparence modeste, abritent une faune et une flore importantes pour les milieux ouverts. » 

 

CRE de Laval : Quels sont les défis actuels et à venir en matière de conservation à Laval ?  

Diane : « Pour résumer, je dirais que nous faisons face à ces 3 grands défis à Laval, au niveau des milieux naturels : la gestion de l’eau, la densification et l’imperméabilisation des sols. » 

« Un premier défi est la gestion de la croissance résidentielle. Laval souhaite construire plus de logements, ce qui est légitime en pleine crise du logement. Cependant, il faut absolument éviter de sacrifier de nouveaux milieux naturels pour ce développement. Cela peut paraitre plus simple, financièrement, de raser un milieu naturel pour construire. Mais cela a un impact. Construire sur des milieux naturels augmente l'imperméabilisation des sols, ce qui réduit l’infiltration de l’eau et accentue les risques d’inondations. Or, nous avons des pluies de plus en plus abondantes à Laval et ce phénomène va s’accentuer. Il faut donc que la ville de Laval arrive à créer de nouveaux logements sans détruire de nouveaux milieux naturels. » 

« S'ajoute la perte continue des milieux humides. Ces milieux agissent comme des éponges naturelles, captant l’eau lors des pluies abondantes et la relâchant lentement, réduisant ainsi les inondations et aidant à lutter contre les sécheresses. Ils jouent également un rôle majeur dans la séquestration du carbone. Détruire un milieu humide libère des quantités importantes de carbone, lequel était emprisonné naturellement dans le milieu. » 

« La destruction des milieux humides aggrave les changements climatiques, alors que les protéger aide à les combattre. » 

« Malheureusement, même si nous avons des lois sensées protéger les milieux humides au Québec, ces derniers sont encore détruits en grandes quantité au profit de développement immobiliers ou routiers. Par exemple, juste en 2023, 6,2 hectares de milieux humides ont été autorisés à être détruits sur le territoire le Laval. » 

 

CRE de Laval : On parle aussi des corridors écologiques, à Laval. Peux-tu expliquer ce qu’est un corridor écologique et son importance pour Laval ? 

Diane : « Les corridors permettent aux animaux de se déplacer d’un milieu naturel à un autre. Sans cela, ils risquent de rester coincés dans un seul milieu. Au CRE, on définit un corridor écologique comme une bande de milieu naturel qui relie deux habitats. Il est différent du milieu environnant, par exemple, des quartiers résidentiels. Ce corridor peut être une friche, une forêt, un boisé ou un milieu humide. » 

« Un corridor écologique est toujours spécifique à certaines espèces. Un corridor forestier sera utilisé par des espèces forestières, tandis qu’un corridor de friches sera utilisé par des espèces de milieux ouverts. Par exemple, un oiseau champêtre comme le Goglu va aimer les herbes hautes et donc se déplacer à travers des friches, tandis qu’un pic, lui, va plutôt se déplacer d’arbre en arbre en milieu forestier. Si on a un corridor constitué d’une friche, le pic ne l’utilisera pas. » 

« À Laval, il manque surtout des corridors boisés, mais même pour les espèces des milieux ouverts, certains corridors sont insuffisants en largeur. En général, un corridor doit faire entre 30 et 60 mètres de large pour être efficace. » 

« Créer de nouveaux corridors est difficile dans une ville déjà urbanisée. Nous étudions actuellement la possibilité d'améliorer les friches d'Hydro-Québec. Nous travaillons aussi sur la création de massifs forestiers discontinus pour permettre aux oiseaux de voler d’un îlot de nature à l’autre. » 

 

CRE de Laval : Quelles sont les conséquences de l'absence de corridors écologiques ? 

Diane : « En l'absence de corridors, les animaux ont plus de risques de mourir lors de leurs déplacements, notamment en traversant des routes. S'ils ne peuvent pas se déplacer, ils ne peuvent pas fuir un habitat devenu inhospitalier ou recoloniser un habitat redevenu favorable. » 

« De plus, l’isolement des populations réduit la diversité génétique. Moins de diversité signifie plus de vulnérabilité face aux maladies et aux changements environnementaux. Les corridors augmentent la résilience des populations. » 

 

CRE de Laval : En tant que citoyen, que peut-on faire pour contribuer à la conservation de la nature à Laval ? 

Diane : « Planter des arbres sur son terrain aide à réduire la chaleur en ville. »

« Plus il y a d'arbres, plus la température baisse, ce qui améliore aussi l'efficacité énergétique des maisons. » 

« Créer un jardin de pluie permet de capter l’eau de ruissellement. C’est un aménagement esthétique et écologique, qui aide à prévenir les inondations et peut favoriser la biodiversité locale, notamment les pollinisateurs. Finalement, on peut même créer un mini corridor écologique dans son quartier, si l’on mobilise ses voisins autour de la plantation d’arbres et de l’intégration de jardins de pluie ; autant de petits milieux qui peuvent contribuer à créer un couloir écologique où des espèces précieuses pour notre biodiversité pourront circuler ! » 

« On peut également s'impliquer dans des comités de protection des boisés de son quartier. Beaucoup de boisés appartiennent encore à des promoteurs et ne sont pas protégés. » 

« Écrire à ses élus est un autre moyen d'influencer les politiques locales. Cela peut vraiment faire une différence. Par exemple, on peut très bien se mobiliser, en tant que groupe citoyen, afin de planter des arbres dans sa rue, sur des bandes de terrain appartenant à la ville. » 

 

CRE de Laval : Comment vois-tu l’avenir de Laval ? 

Diane : « Il existe des projets porteurs, comme le Carré Laval, qui pourraient allier développement urbain et nature. L’idéal serait de pratiquer une densification douce, avec des semi-détachés ou des quadruplex, pour éviter d’étendre encore plus la ville et ainsi protéger les milieux naturels existants. » 

« Une densification intelligente permettrait aussi de maintenir ou restaurer des espaces naturels accessibles aux citoyens. C’est vers cela que je souhaite que Laval se dirige. » 

 

CRE de Laval : Un dernier message pour les citoyens de Laval ? 

Diane« La perte des milieux naturels a des conséquences très concrètes sur notre qualité de vie»

« Les canicules seront plus intenses et plus fréquentes. Les inondations vont s’aggraver. Ce sont des réalités qui nous affectent tous. » 

« Il existe des solutions simples et accessibles pour y faire face : planter des arbres, créer des jardins de pluie, préserver les boisés, s'engager dans son quartier. Chaque geste compte. Nous sommes toutes et tous concernés et nous pouvons tous contribuer à un avenir plus résilient. » 

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