Le cours d’eau Papineau-Lavoie s’étend sur 8,3 km et se situe dans le sud-ouest de l’île Jésus, émergeant d’un milieu humide aménagé dans le parc Joachim-Du Belley en amont et rejoignant la rivière des Prairies en aval. Considéré comme l’un des grands ruisseaux intérieurs de la région, le ruisseau Papineau-Lavoie traverse à la fois des zones résidentielles, commerciales et industrielles, et est également l’élément structurant du parc Couvrette à Sainte-Dorothée. Le cours d’eau possède deux grands tronçons canalisés; sous la jonction de l’autoroute 13 et du boulevard Saint-Martin ainsi que sous la jonction de l’autoroute 440 et le boulevard Curé-Labelle. De larges portions du ruisseau ont également fait l’objet de travaux de déviation, ce qui pourrait avoir grandement contribué à sa dégradation au cours des dernières années. Toutefois, le caractère naturel du ruisseau est encore présent à plusieurs endroits, ce qui lui permet d’être un site potentiel de conservation et de restauration pour le maintien de la biodiversité et une meilleure gestion de l’eau sur le territoire.

 

En 2013, différents indices de l’état de santé du cours d’eau ont donc été mesurés sur 27 stations d’échantillonnage sélectionnées à des intervalles de 300 mètres, sans égard à la présence de rejets, barrages ou bassins de retenue. Une station sur deux a été visitée en 2014 pour assurer un suivi, soit les stations impaires, donc situées à 600 mètres de distances entre elles.

 

 

Résultats

Les données recueillies ont permis en 2013 d’établir la présence d’une tendance évidente: le niveau global de dégradation du ruisseau Papineau-Lavoie est largement plus élevé que prévu. Celles recueillies en 2014 ont servi à faire un suivi de l’état du cours d’eau Papineau-Lavoie et de le comparer aux ruisseaux Champagne, Gascon et la Pinière.

 

Qualité de l’habitat

  • Le taux de sédimentation est, dans certains endroits, très élevé et nuit probablement à l’écoulement naturel de l’eau, car la vitesse du courant est faible, mis à part les stations retrouvées en aval du cours d’eau, à l’embouchure de la rivière des Prairies (2013; 2014). Des signes d’érosion sont présents aux sites en aval du ruisseau, donc aux sites PAPI03 et PAPI01 ainsi qu’au site PAPI25 (2014).
  • Il y avait une faible présence de bois mort ou de macrophytes à travers le cours d’eau, ce qui peut limiter également la présence d’une faune diversifiée et d’un écosystème en santé (2013; 2014).
  • La qualité des bandes riveraines est proche d’être élevée, ce qui suggère que l’impact du type d’usage du territoire drainé pourrait être plus important que celui des bandes riveraines (2013; 2014).
  • Le ruisseau Papineau-Lavoie est celui dont la proportion de surface imperméable dans la zone à proximité est la plus élevée, avec 41,6% (2014).
  • Nous retrouvons à travers le cours d’eau Papineau-Lavoie une grande diversité d’habitats (2014).

 

 

Qualité de l’eau

  • La conductivité est très élevée, soit 1278,4 μs/cm ± 391,4 en 2013 et 1494,1 ± 394,1 µs/cm en 2014, dépassant dans 96 % des cas le standard de 339 μs/cm normalement retrouvé dans les ruisseaux. Elle était si élevée dans certains sites que l’utilisation de la pêche électrique comme technique d’échantillonnage des communautés de poissons n’a pu être possible (2013; 2014).
  • La présence d’un dépôt à neige à proximité du ruisseau est un élément que le CRE de Laval juge préoccupant, puisque même si des installations de mitigation ont été installées, l’eau de la fonte de la neige se déverse directement dans le ruisseau (2013) (voir photo ci-contre).
  • L’eau provenant des égouts pluviaux se déverse aussi dans le ruisseau Papineau-Lavoie. Ces eaux de pluie (ou de fonte de neige) provenant du ruissellement urbain contiennent bien souvent de nombreux composants inorganiques et expliquent probablement le niveau de conductivité mesuré (2013).
  • La teneur en oxygène dissous observée a été plutôt élevée, considérant le niveau supposé de dégradation du bassin versant et le faible débit de l’eau (2013). En 2014, elle était généralement satisfaisante, bien que très variable tout au long du cours d’eau (2014).
  • La présence de bactéries coliformes dans les milieux naturels est normale. Toutefois, de fortes concentrations de ces bactéries, plus spécifiquement E. coli, supposent la présence d’autres bactéries pathogènes et de pollution d’origine fécale dans le milieu. Les stations ayant la plus forte concentration en bactéries coliformes se trouvent en milieu résidentiel, ce qui suggère la présence de rejets domestiques illégaux dans le cours d’eau (2013).
  • Cette situation suggère donc que l’éducation relative à l’environnement auprès des personnes résidant à proximité du rivage est une nécessité et des campagnes de sensibilisation devraient être envisagées. Par ailleurs, soulignons que ces eaux se déversent directement dans la rivière des Prairies et que plusieurs stations d’approvisionnement en eau potable se retrouvent en aval, ce qui implique forcément des coûts de gestion et un risque pour la santé de plusieurs milliers de personnes résidentes (2013).
  • Les concentrations en phosphore moyennes reflètent une qualité de l’eau précaire, sauf en début d’été. (2014)

 

Biodiversité

Végétation en rive
  • Le nerprun cathartique, le roseau commun, la salicaire pourpre, l’alpiste roseau et la renouée japonaise, des espèces exotiques envahissantes, ont été observés à plusieurs stations.
  • Des espèces à statut particulier ont aussi été observées à certaines stations, comme l’érable noir, l’asaret du Canada, la sanguinaire du Canada et le Noyer cendré.
Macroinvertébrés benthiques
  • L’absence de taxon d’éphéméroptères, de plécoptères et de trichoptères (EPT) dans les 27 échantillons reflète un haut niveau de dégradation du cours d’eau, de même que la proportion moyenne élevée de chironomides dans les échantillons. Seul un taxon sensible a été identifié, soit des elmides de la famille des coléoptères, dans deux stations (PAPI07 et PAPI24) (2013).
  • En 2014, les cours d’eau Champagne et Papineau-Lavoie, composants du même bassin versant, se trouvent associés à une qualité de l’habitat plutôt mauvaise et une pollution organique substantielle. (2014)
Inventaires ichtyologiques
  • Neuf espèces de poissons, représentant cinq familles différentes, ont été observées dans le ruisseau Papineau-Lavoie lors de l’été 2013. Ces espèces sont reconnues comme étant des espèces capables de tolérer un certain niveau de perturbation (2013).
  • La présence d’obstacles à la migration et le faible niveau d’eau à certains endroits durant l’été nuisent également à l’occurrence de poissons et d’une plus grande diversité d’espèces dans le cours d’eau (2013).
  • La capture accidentelle d’écrevisses à pinces bleues a été très importante. (2013)
  • En échantillonnant avec la bourolle, c’est au ruisseau Papineau-Lavoie que l’on retrouve la plus grande abondance en 2014.

 

Conclusion et recommandations

Le niveau de dégradation est relativement très élevé, de par le haut niveau de sédimentation, la biodiversité réduite et la forte contamination bactériologique et inorganique (conductivité élevée). La continuité écologique est également limitée, ce qui réduit la capacité de l’écosystème à être fonctionnel. Toutefois, ce cours d’eau regroupe les conditions gagnantes pour la réalisation d’actions et d’aménagements permettant d’améliorer la qualité de l’eau et maintenir la biodiversité, tout en assurant un écoulement des eaux plus optimal. En donnant plus d’importance à cette valeur écosystémique lorsqu’on aménagement les infrastructures urbaines, on assure une certaine pérennité des usages tout en maximisant les bénéfices pour la collectivité à long terme.

 

Rapports

Rapport de caractérisation: 2013: Rapport de caractérisation du cours d’eau Papineau-Lavoie de Laval

Rapport de suivi, 2014: Rapport du projet Ruisseaux urbains de Laval 2014-2015

 

Publication médiatique

7 mars 2016 – Article dans le Courrier Laval – Guy Garand à la rescousse des ruisseaux urbains

 

Communiqués de presse

17 février 2016 – Le projet Ruisseaux urbains de Laval compte quatre nouvelles caractérisations pour 2014 !

22 juillet 2014 – RBC remet 50 000$ à la Fondation de la faune du Québec.  Sur la photo ci-bas (de gauche à droite) : M. André Martin (Fondation de la faune du Québec), Mme Marie-Christine Bellemare et M. Guy Garand (Conseil régional de l’environnement de Laval), Mme Beatrix Beisner (Université du Québec à Montréal) et M. André Labbé, RBC.

 

Partenaires et remerciements

 

 

Remerciements

Le CRE de Laval tient à remercier les partenaires qui ont permis de réaliser ce projet. D’abord, le ministère des Ressources naturelles et de la Faune pour le prêt d’équipement et de personnes ressources pour l’échantillonnage et l’identification des poissons. Puis, le Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie de l’UQAM pour sa grande collaboration dans l’échantillonnage et l’identification en laboratoire des macroinvertébrés benthiques, du prêt d’équipement pour évaluer les caractéristiques physicochimiques de l’eau et la concentration en coliformes fécaux des échantillons d’eau, ainsi que pour l’expertise du groupe de recherche dans le domaine.